Supporter le froid démocratique et la baisse du pouvoir d’achat ne sont pas des instruments suffisants pour faire plier les turco-mongoles des steppes.

Rts.ch

Certains experts estiment que Vladimir Poutine a les moyens de poursuivre sa guerre. C’est le cas de Sergei Aleksashenko, l’ancien vice-ministre des Finances et chef adjoint de la Banque centrale russe dans les années 1990. L’ex-haut responsable vit aujourd’hui en exil, se montrant très critique de la politique du Kremlin.

Selon la RTS, Sergei est loin d’être un poutinolâtre endurci, bien au contraire. Pourtant, ses dires devraient le placer, de fait, dans la catégorie «agent du Kremlin».

Sergei Aleksashenko affirme que Vladimir Poutine ne prend pas forcément en compte les paramètres économiques dans sa décision de poursuivre ou non la guerre. Mais dans tous les cas, l’argent devrait suffire. « Même si les dépenses militaires de la Russie, l’année prochaine, représentent jusqu’à 6% du PIB, il devrait y avoir suffisamment d’argent pour les financer », avance-t-il.

« Car la Russie a d’importantes réserves budgétaires, environ 7% du PIB au début de l’année », explique-t-il. « Or, même avec le plafonnement des prix du pétrole, et même en tenant compte des pertes liées à l’exportation de produits pétroliers et gaziers, la Russie aura suffisamment d’argent dans le budget fédéral. Entre autres parce que le ministère des Finances a obtenu une loi pour augmenter les taxes sur les compagnies pétrolières, sur Gazprom et les exportateurs de gaz liquéfié, de métaux ou d’exportateurs d’engrais. En d’autres termes, le ministère des Finances va augmenter la pression fiscale sur les industries des matières premières l’an prochain« , développe Sergei Aleksashenko.

Même si les ventes de gaz vers l’Europe ont chuté, Gazprom a fait d’importants bénéfices grâce à la hausse des prix. A cause de la contraction de l’économie et la baisse de la demande, ainsi que du refus des entreprises étrangères de travailler avec la Russie, les importations ont chuté aux deuxième et troisième trimestres de cette année, ce qui a eu un impact sur le budget fédéral, note Sergei Aleksashenko, car la TVA et les diverses taxes liées aux importations représentaient tout de même 19% des recettes fiscales en 2021. Mais cela reste anecdotique par rapport au poids des hydrocarbures dans le budget.

Pour contrebalancer les mots de l’ancien vice-ministre des Finances et ancien chef adjoint de la Banque centrale russe, il fallait bien l’avis éclairé d’un maître de conférences à Sciences po Paris.

Conclure que les sanctions occidentales ne servent à rien serait une erreur, avertit de son côté Frédéric Encel, géopolitologue, maître de conférences à Sciences po Paris et professeur à la Paris School of Business, interrogé lundi dans La Matinale.

« Les sanctions, que ce soit aujourd’hui contre la Russie, l’Iran ou d’autres Etats, ne fonctionnent en général pas. Sauf qu’il faut inverser le postulat: si les Etats décident de ne jamais utiliser cette épée de Damoclès, alors ce ne sera pas dissuasif contre d’autres régimes plus ou moins impérialistes ou interventionnistes », souligne-t-il.

«Inversez le postulat» et tout devient limpide.

Cette épée de Damoclès n’est pas parvenue à faire flancher des États aussi insignifiants que Cuba ou la Corée du Nord. En revanche, ces sanctions fonctionnent très bien pour affaiblir l’Europe.

La baisse du pouvoir d’achat est une valeur démocratique

Frédéric Encel soulève par ailleurs que les moyens de Moscou ne sont pas illimités: « Même si aujourd’hui la Russie dispose de reins assez solides pour continuer à faire la guerre en Ukraine, cela ne veut absolument pas dire que ses ressources ne sont pas en train de s’épuiser. Et cela ne signifie pas qu’une grande partie de la population ne va pas en souffrir et qu’elle ne va pas décider, un jour peut-être, de se révolter contre le régime en place« , analyse-t-il.

Il faut peut-être ainsi plutôt s’attendre à une chute progressive de l’économie russe.

Ce géopolitologue aime le risque et table sur la chute de l’économie et le mécontentement du peuple russe avant le collapse de l’Europe. C’est un optimisme qui fait chaud au cœur, mais loin d’être réaliste.

Nous sommes plusieurs dans notre camp à nous égosiller sur ce sujet. Les sanctions ne sont pas faites pour détruire l’économie russe, elles servent d’abord et avant tout à provoquer une hausse des prix artificielle afin de justifier la mise en place du Great Reset de Davos.

La croissance après la «destruction» de l’économie russe

Personne ne me convaincra du présupposé gauchiste qu’il ne s’agit ici que d’incompétence et lâcheté de la part des élites européennes.