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Les nationalistes aux portes du pouvoir en Italie. Pourquoi la prudence est de mise

De nombreux patriotes se réjouissent d’avance de l’arrivée au pouvoir de la droite nationale en Italie. En effet, des élections législatives auront lieu le 25 septembre et les sondages annoncent déjà une victoire écrasante de la coalition de droite avec à sa tête les partis Fratelli d’Italia de Giorgia Meloni et la Lega de Matteo Salvini.

Cette annonce, bien que positive, ne doit pas nous aveugler. La victoire sera surtout symbolique et peu de choses changeront effectivement de l’autre côté des Alpes.

Meloni, une poupée de cire et Salvini

Un des principaux problèmes de l’Italie est son système politique absolument chaotique. Les gouvernements ne durent rarement plus de 2 ans car les partis qui les composent passent leur temps à les saborder pour défendre leur propre intérêt.

Le système italien n’est pas semblable au système politique suisse ou français. Pour diriger le pays, les partis doivent avoir une majorité au parlement et pour y arriver, fonder des alliances entre eux.

Cette façon de faire pourrait faire penser que le parlement italien fonctionne sur le consensus et le dialogue comme en Suisse mais ce n’est malheureusement pas du tout le cas. Les partis ne s’intéressent qu’aux sondages. Lorsqu’ils voient que leur participation à un gouvernement devient impopulaire dans les sondages, ils en sortent, ce qui déclenche de nouvelles élections. Pareil dans l’autre sens, un parti gouvernemental se rend compte qu’il devient plus populaire que ses alliés dans un gouvernement ? BAM, il le quitte pour lancer des élections anticipées et ainsi récupérer plus de sièges. Ce cirque dure depuis des décennies et n’est pas près de s’arrêter puisqu’aucun grand parti ne souhaite changer les règles du jeu.

Un gouvernement de droite nationale pourrait donc durer moins de 2 ans avant qu’une nouvelle crise d’ego fasse tout capoter.

Un autre problème vient du fait que la droite nationaliste italienne, bien qu’eurosceptique, a abandonné tout projet de sortie de l’UE et propose plutôt de changer l’institution de l’intérieur en en faisant une confédération. Projet impossible puisqu’un changement si important de l’organisation devrait avoir la validation de tous les états européistes. L’Italie devra donc continuer à appliquer la politique anti-nationale de l’UE pour ne pas crouler sous ses amendes alors que la situation économique est déjà morose.

Malgré la victoire future du camp national, l’Italie restera tout de même un protectorat américain. De nombreuses bases étasuniennes occupent toujours le pays et rien ne sera fait pour les fermer. Cette mainmise des USA sur la diplomatie et la défense italienne continuera à entraîner le pays dans tous les délires atlantistes. La Lega et Fratelli d’Italia ont signé l’envoi d’armes en Ukraine, malgré leurs positions précédemment pro-russes, et ne s’opposeront normalement pas à l’alignement de l’Italie sur la politique des USA.

Enfin, l’Italie est trop centralisée. Le pays a 150 ans et était avant ça un ensemble d’États ayant eu des histoires et des particularités très différents les uns des autres pendant plus d’un millénaire. À part quelques exceptions comme le Val d’Aoste et le Trentin-Haut-Adige, l’État laisse peu de libertés aux pouvoirs régionaux et n’arrive donc pas à gérer son propre territoire. Les routes et les services publics sont délabrés et les mafias règnent en maître dans le sud du pays. Une remise en question ne pourra pas se faire sans une refonte radicale de l’État italien.

Malgré tous ces exemples, nous pouvons nous réjouir que des mouvements sociaux et nationaux se développent en Italie et tentent de freiner l’envahissement de notre continent. Mais il ne vaut mieux pas crier trop vite victoire et rester prudent. Le chantier national italien ne se finira pas en un jour et cette accalmie risque d’être de courte durée.

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