Qu’il fait bon vivre en démocratie, «le moins mauvais de tous les systèmes» selon Churchill, système caractérisé notamment par la liberté d’expression:
L’essayiste franco-suisse d’extrême droite Alain Soral, qui vit à Lausanne, a été condamné par ordonnance pénale du Ministère public vaudois à trois mois de prison ferme, pour homophobie. Il s’en était pris à une journaliste de La Tribune de Genève et 24 heures qui avait publié un article à son sujet l’été dernier. Un recours est possible dans les dix jours.
Alain Soral, de son vrai nom Alain Bonnet, 63 ans, «a été reconnu coupable de diffamation, d’homophobie et d’incitation à la haine», a indiqué mardi l’association professionnelle des journalistes impressum dans un communiqué consécutif à une ordonnance pénale formulée par le procureur général vaudois Eric Cottier datant de lundi. L’organisation salue d’ailleurs cette décision, écrit-elle.
Cette condamnation fait suite à des propos tenus par Alain Soral dans une vidéo publiée sur son site internet Egalité et Réconciliation (E&R). Il y avait tenu un discours homophobe envers une journaliste en raison de ses articles publiés dans les quotidiens 24 heures et La Tribune de Genève, la traitant notamment de «grosse lesbienne» et «militante queer», insinuant que ce dernier terme voulait dire «désaxé».
Même si elle n’est pas majoritaire, la traduction «Queer» dans le sens de désaxé existe bel et bien. Reverso est catégorique:
Voici la vidéo incriminée. Attention à la violence des propos, ça fait froid dans le dos:
La journaliste avait déposé une plainte pénale en septembre dernier. Le procureur général estime qu’Alain Soral cherche à «éveiller» un sentiment homophobe auprès de son public. Sa déclaration avait pour but de diffuser «du mépris à l’encontre de la plaignante en tant que lesbienne et plus largement à l’encontre des membres de la communauté homosexuelle», selon 24 heures.
Bien évidemment que l’on ressent un éveil après la diatribe de Soral. Une armée d’homophobes est d’ailleurs prête à se lever pour partir à la ratonnade contre de pauvres homosexuels errant entre deux backrooms lausannoises.
Notez par ailleurs que traiter une invertie en surcharge pondérale de grosse lesbienne, c’est attaquer la communauté homosexuelle dans son ensemble. Alors qu’ils sont systématiquement prompts à tout ramener à leur cul, leurs individualités volent en éclat pour faire place au sentiment communautaire dès lors qu’ils se sentent menacés.
Est-ce que ça marche aussi pour le sentiment communautaire des Blancs cis hétéros? Question rhétorique, je connais déjà la réponse…
Pink Cross, l’Organisation suisse des lesbiennes (LOS), Vogay et l’Association Lilith avaient également dénoncé à la justice ces déclarations discriminantes.
Dans son communiqué, impressum se félicite donc de cette décision. «Il n’est pas acceptable que des journalistes subissent de tels propos injurieux et inadmissibles dans l’exercice de leur profession. Ces attaques […] doivent être fermement condamnées par la justice. Par cette condamnation, la justice vaudoise donne un signal clair contre la haine, l’intolérance et contre l’impunité des atteintes à l’encontre des journalistes», déclare l’association.
«Cette condamnation me réjouit à plus d’un titre. D’une part, elle montre qu’on ne peut pas impunément semer des discours haineux, et dans le cas spécifique, contre les personnes LGBT. Elle signifie aussi que les attaques personnelles ne peuvent être tolérées dans l’exercice de notre profession de journaliste», a de son côté réagi la plaignante, Cathy Macherel, citée dans le communiqué d’impressum.
Selon 24 heures, le Ministère public vaudois a aussi condamné financièrement Alain Soral. Il doit s’acquitter de 1500 francs de jours-amende et des frais de procédure de 1950 francs. L’idéologue franco-suisse d’extrême droite a déjà été condamné à une vingtaine de reprises en France, en grande partie pour des infractions de provocation à la haine, diffamation et injure antisémite.
Il est dorénavant possible, sur la base de simples estimations d’un juge, de vous condamner à de la prison ferme dès l’instant où vous constatez de vos yeux et exprimez de votre bouche qu’une lesbienne est en surpoids. Qu’aurait-il fallu dire? La goudou enveloppée? L’énorme saphique? L’obèse adepte de tribadisme? L’opulente gomorrhéenne? …
Nous avons là un exemple du privilège homo que nous avons volontairement instauré par votation en 2020 parce que «la tolérance et le respect». C’est ça la magie de la démocratie, amener des individus à voter contre leurs intérêts de peuple en jouant avec leurs bons sentiments manipulés sur le long terme par de la propagande. Même des veaux, s’ils le pouvaient, ne voteraient pas contre les intérêts du troupeau.
Je cherche encore mais je peine à trouver l’insulte dans les propos d’Alain. Alors qu’il a connu bien des misères en dénonçant le pouvoir démesuré de certains membres de la communauté juive en France, il se heurte maintenant à la communauté qui fait la loi en Suisse, les LGBT.
C’est exactement ça qui est à l’origine de l’homophobie aujourd’hui, le sentiment que ces gens parviennent à obtenir ce qu’ils exigent dès le moment où leurs hurlements teintés d’hystérie couvrent la cacophonie du débat démocratique.
Vraiment, Churchill avait tort.