John Doe

Remigration par amour

Ayant régulièrement affaire à des immigrés dans mon travail, et ayant travaillé dans la migration pendant mes années jeunes et gauchistes, c’est avec une grande tristesse que je fais le constat suivant : vivre en Suisse est une vraie souffrance pour les immigrés. Mes chers compatriotes, nous avons échoué misérablement à transformer notre pays en terre d’accueil. Pour nous inspirer à faire mieux dans le futur, j’ai résumé les plaintes principales des immigrés envers la Suisse dans cet article.

Vivre en Suisse est un enfer pour les immigrés. Déjà, il y a les ratonnades nazies comme celle de Neuchâtel. Il y a aussi des actes racistes plus banals mais quotidiens : le contrôleur qui te dit qu’il faut acheter un ticket, la dame au guichet qui n’a pas le sourire ou l’armurier qui ne veut pas te vendre une arme sous prétexte que tu as un permis F. Et il y a bien sûr le racisme institutionnel qui consiste entre autres à devoir travailler dans une position correspondant à tes capacités ou au moins remplir quelques papiers avant de recevoir de l’argent.

Une plainte qui revient aussi souvent concerne les Suisses eux-mêmes : «Swiss people aren’t nice» m’a dit une Ukrainienne, qui est logée, nourrie et occupée depuis des mois en Suisse. Malheureusement, les Suisses ne sont pas aussi chaleureux et accueillants que les Ukrainiens, et c’est vrai qu’on aurait pu ajouter quelques drapeaux ukrainiens de plus sur des bâtiments publics, balcons privés et sur les réseaux sociaux. D’autres étrangers m’ont dit que c’était impossible que je sois suisse parce que je suis sympa, et mes élèves manifestent de la déception quand ils apprennent que je suis suisse et non-musulmane. Je m’excuse bien sûr à chaque fois d’être suisse, ce peuple froid et méchant, qui investit si peu d’argent (l’or des nazis) dans la migration. Autres plaintes : les Suisses sont coincés et exigent qu’on respecte les règles. Il faut commencer son travail à l’heure et bien le faire. Et on n’a même pas le droit de jeter les poubelles par terre. Ils sont vraiment chiants avec leurs beaux habits et familles stables, leurs enfants intelligents et polis qu’ils ne giflent même pas. En Suisse, ils ne veulent pas qu’on mette la musique à fond dans les trains et en plus, comble de tout, ils ne savent pas twerker. Quelle horreur de devoir vivre avec des Suisses.  

Ensuite, il y a le christianisme si dérangeant et omniprésent. Les Suisses ont l’audace de toujours fêter Noël malgré la présence de musulmans sur le territoire. Mais ce qui est encore pire, c’est la propagande dirigée envers les petits dans les écoles publiques suisses. «Je n’ai pas le droit d’inviter des chrétiens à mon anniversaire», m’a récemment dit une élève musulmane. Et elle a bien raison. Les pauvres musulmans doivent envoyer leurs enfants dans des écoles avec des «chrétiens». Vous imaginez toute ces mauvaises influences du christianisme ambiant dans les écoles publiques? Toutes ces leçons à apprendre à lire, écrire et calculer qu’on aurait pu passer à étudier l’islam et la grandeur des pays musulmans… Sans oublier les camarades de classe suisses qui mangent des Haribo à la gélatine de porc et qui ne savent même pas ce que c’est TikTok… Non, les écoles publiques suisses représentent vraiment un danger pour les petits immigrés.

Le pire en Suisse (toujours selon les immigrés, je précise) ce sont… les immigrés. Les autres bien sûr. Ils font du bruit, sont des voisins pénibles et sont responsables de l’insécurité et de la criminalité. Ces paroles m’étonnent bien sûr, mais qui suis-je pour remettre en question la parole d’immigrés?

Bref. Idéalement, il faudrait une Suisse sans Suisses et sans immigrés à une exception précise, mais qui fonctionne quand-même comme si des Suisses y habitaient. Et avec l’argent comme si des Suisses y travaillaient, bien sûr. En attendant qu’on vous organise ça, chers immigrés, je vous invite à retourner chez vous pour profiter un peu du soleil et de l’absence de racisme.

Ne vous inquiétez pas pour nous : on nettoiera nous-mêmes nos bus et toilettes (c’est surtout vous qui les salissez d’ailleurs) et on trouvera des infirmières (c’est surtout vous qui squattez les hôpitaux pour un rhume) et des joueurs de foot (mais qu’est-ce qu’on s’en fout du foot).

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